Ceci est une conférence que j’ai donnée devant les membres de mon club :
Bonjour les amis,
Tout d'abord je veux vous demander pardon si je me sers de notes :
- D'abord, je n'ai pas vraiment l'expérience de la parole en public, qui nécessite un temps d’apprentissage.
- Deuxièmement, il était très important pour moi que mon message soit clair, sans ambiguïté, avec des exemples, bien organisé, et que je n'oublie rien de ce que je voulais vous dire, tout cela afin que vous profitiez au maximum de cette causerie, et tout cela je n’aurais jamais pu l’obtenir si j’avais dû improviser un discours au lieu de l'écrire comme je l’ai fait après y avoir beaucoup réfléchi, et sérieusement.
De quoi ai-je envie de vous parler aujourd'hui ? De la chose qui nous unit tous ici et qui est : le traitement des maladies mentales. A propos : pour beaucoup de gens, l'humanité est divisée en deux : d'une part, les gens "normaux", et de l'autre, les malades mentaux. On nous appelait autrefois « les fous » mais changer le terme n'a rien changé au fond de la chose, le stigmate est resté. Pourquoi était-il important pour moi de le souligner : parce que les gens qui divisent ainsi l'humanité pensent que la maladie mentale, contrairement à la maladie physique, est incurable. Le comble du paradoxe, c'est que parmi ces personnes, il y a aussi beaucoup de thérapeutes. Le problème est que les malades eux-mêmes ont également tendance à voir le monde de cette façon. On se dit : « Si tout le monde nous considère comme des anormaux, alors... ça doit être vrai ! » Le résultat est que trop souvent, nous ne prenons pas le taureau par les cornes et nous ne faisons pas vraiment face à la maladie. Pour utiliser un terme de psychologie, la stigmatisation de la société amène les malades à se stigmatiser eux-mêmes. Donc si nous ne faisons pas face, alors que faisons-nous ? Eh bien chacun trouve sa petite solution. Les petits malins parmi nous se tournent vers l'alcool, le tabac et la drogue dans l'espoir qu'ils mettront ainsi fin à leurs souffrances. Et ce, jusqu’à la fois ils en viennent à faire cette lugubre, mais au fond plein de « bon sens » conclusion : Je suis malheureux chaque seconde de mes journées. Les seuls moments où je bénéficie d’un bonheur tout relatif, sont ceux où je suis plongé dans l’inconscience, c’est-à-dire quand je suis endormi. Partant de là, ils trouvent la solution finale de leurs problèmes, pour employer un mot monstrueux : ils se suicident. Il y a néanmoins ceux qui se considèrent plus « sérieux » qui pensent (très naïvement à mon avis) que s'ils avalent tel ou tel médicament matin et soir, alors leur anxiété, leur dépression, leurs difficultés de concentration et leurs insomnies s'arrêteront. Et finalement tous sont victimes de toutes sortes de mythes que les autres ont construits pour eux et que, partant, ils se sont construits pour eux-mêmes.
Un exemple personnel : on m’a dit depuis des années que j’étais complexé, ridicule, peu sociable, rêveur, distrait, lunatique, pas viril, hautain, faible de caractère, coléreux, paresseux, naïf, déprimé, timide et que sais-je encore ?! Un moment ! Je ne dis pas qu'il n'y avait pas du vrai dans cela. Bien sûr qu'il y en avait ! Mais j’aurais pu résoudre chacun de ces problèmes si seulement il y avait eu des gens autour de moi qui me comprennent et qui m'aiment. Et vous voulez savoir qui, dans mon entourage, m'a le plus mal compris et le plus mal aimé ? Eh bien c'est… moi-même !!! Lorsque j'ai finalement acquis une pensée, une vision du monde et de moi-même positives, la confiance en soi, l'amour de soi, l'humilité, la compassion pour soi, la plupart, sinon la totalité, des problèmes que j'ai énumérés ont été résolus.
Il se peut que certains d'entre vous me diront : « Allons, Yossi ! Tu ne vas pas maintenant être de ceux qui nous font la morale en nous servant des clichés vides de sens sur la pensée positive, la confiance en soi et l’amour de soi ! », seulement ces choses-là fonctionnent peut-être parfois pour les autres, mais pour moi, en tous cas, elles ne fonctionnent pas du tout !
Alors pour ceux d'entre vous qui pensent ainsi, je vais répondre. « C'est vrai ! Mes réponses sont incomplètes. J'aurais encore besoin de quelques bonnes heures de conversations avec vous pour que vous compreniez ces concepts en profondeur. Des conversations qui incluront quelques grands exemples de la vie et des petits exemples de la vie de tous les jours. Ce que je peux vous raconter pour l’instant, ce sont mes succès dans le domaine du développement personnel, qui comprennent la résolution des problèmes que j'ai énumérés plus tôt. Votre bon sens devrait vous dire que si ça a marché pour Yossi, il n'y a aucune raison pour que ça ne marche pas pour vous ! Et cela, je vais vous le prouver ! »
Je vais vous raconter mon histoire : en 2005, alors que j'étais hospitalisé pendant deux mois dans un hôpital pour malades mentaux, sur ordre du psychiatre de district, après un acte de ma part qui avait nécessité, outre l’appel d’une ambulance, aussi l’appel à la police, j'ai été admis à l'hôpital par un psychiatre et à la fin de cet entretien j'ai été diagnostiqué comme schizo-affectif c'est-à-dire souffrant d'un mélange de trouble bipolaire (de dépression si vous préférez) et de schizophrénie. Il m'a prescrit un traitement forcé pour le restant de mes jours, une incapacité de travail (jusque-là, je travaillais comme ingénieur logiciel) et une invalidité de 80 %. Entre nous, je m’indigne que le médecin de garde soit autorisé à prendre autant de décisions fatidiques pour une personne après l'avoir interrogée pendant seulement cinq minutes. A part ça, je n'ai rien fait et ils ne m'ont rien fait, absolument rien dans les deux mois que j’ai passés à l’hôpital, sinon qu'ils m'ont privé de ma liberté. Comme vous pouvez le voir, je n'épargne pas au monde médical mes critiques.
Mais je n'ai pas que des critiques ! J'ai aussi beaucoup d'éloges à faire au système de santé en Israël. J'ai appris que je pouvais bénéficier de la loi de réhabilitation qui a été promulguée en 2000. Et en effet j'ai reçu un panier de réhabilitation qui me donnait les avantages suivants :
- Un coach personnel.
- Un psychologue, avec lequel je discute une fois par semaine depuis 2005.
- L'aide d'associations.
- et surtout, surtout un club social comme le nôtre.
Pourquoi « surtout » ?
- Parce que j'ai réalisé que je n’étais pas le seul au monde à être en détresse mentale, comme je le pensais et comme mes proches et comme toute la société me laissaient penser.
- Parce que la rencontre avec d'autres malades, parfois dans une situation beaucoup plus grave que la mienne, m'a été d'une grande aide : j'étais sensible à leur histoire, ils m'ont aidé, et j’ai par la même occasion, découvert que j'avais aussi la capacité d'aider les gens, alors qu'avant je me sentais naguère comme un élément inutile et indésirable de notre monde, au point que j'avais pensé plusieurs fois mettre fin à mes jours.
- La rencontre avec les thérapeutes m'a aussi beaucoup apporté. Pas nécessairement des psychiatres, des psychologues et des assistantes sociales. Il y en a de bons, bien sûr, mais il y a aussi ceux qui pensent que parce qu'ils ont tel ou tel diplôme, ils savent tout sur l'âme humaine. J'ai été aidé par de nombreuses conversations avec des bénévoles et des coordonnatrices de soins qui n'avaient aucun diplôme, mais qui étaient des êtres humains avant tout.
En 2005, après l'événement dont je vous ai parlé, j'ai passé mes premières années ainsi :
- Sans amis
- Ne faisant rien pendant la journée sinon dormir ou bien passer de nombreuses heures devant la télévision sans comprendre ce qui s'y disait.
- Exténué, et ce malgré mon inactivité.
- Souffrant de tous les problèmes que j'ai mentionnés précédemment.
Et en un mot : Déprimé au dernier degré !
En revanche, aujourd'hui :
- J'ai des tas d'ami(e)s.
- Je suis occupé non-stop à partir de six heures, l’heure à laquelle je me lève, jusqu'à 22h30 celle où je vais me coucher.
- Je vois mes thérapeutes.
- Je vais à mon club.
- Je lis des livres.
- Je surfe sur Internet, notamment sur les réseaux sociaux.
- Je participe à deux cours différents pour améliorer mon anglais.
- J’apprends l'arabe.
- Je joue aux échecs en ligne et je suis membre d’un club d'échecs. On m'a d’ailleurs proposé de participer à des tournois mais j'ai dû décliner l'offre, car il n'y a quand même pas plus de 24 heures par jour.
- J’apprends à jouer du piano
- Je participe aux réunions familiales.
Et en un mot : J’aime la vie à la folie !!!
Si ce n'est pas une preuve, alors qu'est-ce qu'une preuve ? !
Comme on dit en mathématiques C.Q.F.D Ce Qu’il Fallait Démontrer !
J'aimerais maintenant, entendre vos commentaires et répondre à vos questions.