Lorsque j'avais onze ans, j'ai posé à mon petit frère, âgé alors de cinq ans la question suivante: "A quoi ça sert de vivre?". Il m'a répondu immédiatement: "Ben quoi?! A s'acheter des jouets!"
Sa réponse m'a fait beaucoup rire, et je suis allé raconter cette anecdote à mon père. Celui-ci a eu pour tout commentaire: "Une réponse idiote à une question idiote!"
Mon père m'a beaucoup vexé et ce n'était pas la première fois qu'il agissait de la sorte. Il a beaucoup contribué à ma perte de confiance en moi. Que ce soit bien clair! Je n'ai pas que des reproches à l'égard de mon père, paix à son âme: il m'a apporté beaucoup de choses, par exemple la curiosité intellectuelle. Et pour ce qui est de la tendance qu'il avait à me rabaisser, je lui ai pardonné depuis longtemps. Mais que voulez-vous? Personne n'est parfait! Pas plus lui que moi.
Mais cette fois, pour le coup, c'est mon père qui avait dit une bêtise:
1) La question n'est pas idiote! Tous les philosophes se la sont posée. Tout le monde se la pose un jour ou l'autre. Au cours de notre vie, on se bat en permanence pour résoudre des problèmes, on fait des projets, on se nourri d'espoirs selon lesquels on atteindra dans la vie certains buts, que l'on s'est fixé. Et qu'y a-t-il au bout de cela? L'assurance de la mort inévitable, implacable, qui viendra souligner l'absurde de tout cela.
2) La réponse n'est pas idiote non plus! C'est même la réponse la plus intelligente qu'un enfant de cinq ans pouvait donner: On vit "pour s'acheter des jouets", c’est-à-dire pour se faire plaisir.
Pour la plupart d'entre nous, le bonheur est une notion qui est à la fois claire, mais dont la réalisation est tout à fait aléatoire.
- La notion est claire parce que nous avons pratiquement tous connus au cours de notre vie des moments de bonheur. Ces moments nous ont amené à rêver et à rechercher le Bonheur avec un grand B.
- Mais voilà pourquoi sa réalisation est on ne peut plus aléatoire: les gens se disent que le Bonheur est un sentiment de plénitude, auquel ils aspirent, pour en avoir eu parfois un avant-goût, et qui arrivera peut-être dans un avenir plus ou moins lointain, et certains même se disent: quand la vie sera finie… et cela si et seulement si certaines conditions sont réalisées.
Je suis arrivé à la conclusion que cette vision du bonheur était nuisible.
Elle conduisait les gens à n'être jamais vraiment heureux, soit parce que leurs rêves ne se réalisent jamais, soit parce que quand ceux-ci se réalisent enfin, cela ne les comble pas: je pense à ces personnes qui ne savent pas gérer leur fortune, après avoir enfin gagné au loto après y avoir joué pendant des dizaines d'années, dans l'espoir infime qu'ils gagneront un jour. Cette vision erronée du bonheur conduit parfois des gens "qui avaient tout pour être heureux" à se suicider. Je pense à ma cousine bien-aimée Florence, qui disait (on ne l'a hélas pas suffisamment prise au sérieux) qu'elle mettrait fin à ses jours, si elle n'était pas mariée à 25 ans. Elle s'est suicidée alors qu'elle aurait dû fêter ses 26 ans quelques jours plus tard.
Non! Selon moi, le bonheur c'est pour tout de suite! On doit aspirer à être heureux aujourd'hui même, demain et après-demain. Une bonne idée consiste à se demander à la fin de la journée: En quoi celle-ci a été différente de toutes les journées que nous avions connues jusqu'à présent? On découvre les évènements heureux, qui viennent compenser nos soucis quotidiens. Personnellement, je tiens un journal sur WhatsApp où je résume en quelques lignes, pas plus, ma journée.
Depuis que je me suis dit que le bonheur était ici et maintenant, j'ai pris l'habitude suivante, qui m'a rendu beaucoup plus heureux et que je vous recommande chaleureusement de l'adopter pour vous-mêmes.
Mais avant de vous parler de cette habitude, j'ai une remarque : si ce que je vous recommande ne vous parle pas, n'essayez pas de le faire artificiellement, et ensuite de vous plaindre que cela ne fonctionne pas pour vous. Au contraire, agissez comme suit : Lisez-le et intériorisez-le. Jusqu'au moment que je vous souhaite proche, où vous redécouvrirez par vous-même tout ce que j'ai écrit. Prenons un autre exemple: Lorsque j'ai entendu parler pour la première fois des avantages que procure la pensée positive, cela m'a semblé insensé et tout simplement faux. Et c'est bien le cas si, par exemple, vous qualifiez naïvement tout ce qui vous arrive de positif. Penser positivement ne consiste pas à considérer tout ce qui vous arrive comme positif mais à voir le positif en toute chose, ce qui est complètement différent. Je ne l'ai réalisé qu'après l'avoir redécouvert.
Revenons à l'habitude que j'ai adoptée. L'habitude est qu'à chaque fois que votre esprit n'est occupé à rien de particulier et que vous vous demandez : que faire ?
1) Pensez à la chose qui vous apportera du bonheur dans le moment présent.
2) Faites-le.
3) Ensuite, demandez-vous si vous êtes heureux de l'avoir fait, et dans 99% des cas, la réponse sera oui. Et dites-vous que vous êtes heureux.
Si vous me demandez quelle est cette chose qui vous rendra heureux ? Eh bien, cela pourrait être tout ce que vous ressentez vraiment de cette façon. Par exemple:
- Faites une tâche que vous auriez dû faire il y a longtemps et vous serez heureux de vous en être débarrassé après l'avoir faite.
- Lancer vous dans un nouveau projet.
- Ou reposez-vous et allongez-vous si c'est vraiment ce que vous désirez.
Très vite, cette habitude deviendra une partie de vous-même et vous vivrez avec le sentiment d'être heureux. Un deuxième avantage est que pendant que vous êtes éveillé, vous penserez toujours à quelque chose de spécifique et ne laisserez pas votre esprit vagabonder ou simplement s'ennuyer.
Quand je dis qu'il faut tous les jours se faire plaisir ("s'acheter des jouets") cela ne veut certainement pas dire chercher n'importe quel plaisir à tout prix, ou chercher toujours le même plaisir (tomber dans la débauche, devenir addict à quelque chose). D'ailleurs est-ce que l'on se fait vraiment plaisir au bout du compte en agissant de la sorte?
A part se faire plaisir, il y a une autre raison qui répond à la question: "A quoi ça sert de vivre?" Cette raison est: "pour préparer notre vie après la mort". Et je dis cela bien que je ne croie ni au paradis, ni à la présence des morts parmi les vivants, à laquelle croient les adeptes du spiritisme.
Je m'expliquerai sur tout cela dans un moment, mais avant je voudrais faire une remarque: il y a bien plus de ressemblances qu'on le croit entre les différentes religions, et je comprends parmi elles l'athéisme, et les différentes croyances parmi lesquelles celle des adeptes du spiritisme.
Prenons les valeurs par exemple: toutes les religions prônent leur attachement à certaines valeurs humaines comme la vérité, la liberté, la justice, la beauté et l'amour du prochain. De l'attachement à ces valeurs découlent les commandements des différentes divinités et de leurs prophètes, que ce soit Zeus, Yahvé, Allah, Vishnou, Moïse, Jésus-Christ, Mohamet, Bouddha, parmi tant d'autres. Mais qu'est-ce qui est plus important: Est-ce celui qui a donné tel ou tel commandement, ou bien quelles sont les valeurs communes à tous les prophètes?
Et je ne dis pas ici quelque chose de banal ou d'évident. Il n'a pas manqué au cours des siècles de gens et de doctrines pour prôner des valeurs diamétralement opposées aux valeurs traditionnelles et universelles que nous venons de citer. Je pense notamment au nazisme, qui mettait "la race supérieure" au-dessus de la vérité, la liberté, la justice et l'amour du prochain. Le hic est que toutes ces doctrines sans exception ont fini par faire faillite à plus ou moins longue échéance.
Ce n'est somme toute pas étonnant que les doctrines de toutes les religions disent toutes finalement la même chose. La raison est que toutes les croyances considèrent la même réalité à savoir la Nature et en particulier la Nature humaine.
De même, il n'a jamais manqué d'extrémistes, dans toutes les croyances, pour affirmer que leur religion, leur Dieu, et leurs prophètes étaient les seuls vrais. Cela les a souvent amenés à commettre des actes opposés aux valeurs universelles que nous avons évoqués.
J'en reviens à la question: "A quoi ça sert de vivre?". Je disais que l'autre réponse (à part "pour s'acheter des jouets") était "pour préparer notre vie après la mort". Et je dis cela bien que je ne croie ni au paradis, ni à la présence des morts parmi les vivants.
Mais comme je le disais tout à l'heure: toutes les doctrines proclament presque toutes la même chose, et ce n'est pas étonnant parce que somme toute, elles considèrent toutes la même réalité.
Je me veux athéiste et rationaliste. Eh bien vous allez voir qu'avec cette vision du monde, non seulement on peut croire à la vie après la mort, mais même la considérer comme une évidence et la prouver par a+b.
Par déformation professionnelle, je comparerais volontiers l'âme humaine (nos émotions et nos pensées) au logiciel qui à l'origine a été créé sur un ordinateur particulier (le matériel: dans le cas de l'âme humaine, le matériel sur lequel elle fonctionne est constitué par nos cellules nerveuses: les neurones.)
Après qu'un logiciel a été créé sur un ordinateur donné, il peut tout à fait fonctionner sur d'autres ordinateurs. De même notre âme peut fonctionner sur les neurones d'autres personnes que nous.
Prenons un exemple: vous venez de lire un texte qui a été élaboré par mon âme. Si vous le retenez, il deviendra part de votre intellect, et pourra évoluer en utilisant vos neurones.
Cela est valable tout au long de notre vie. Même après notre mort, notre âme peut continuer à fonctionner sur d'autres corps, d'autres neurones. C'est bien ce que j'appelle "la vie après la mort".
Non seulement notre âme vit toujours sur d'autres corps après notre mort, mais elle peut même être appelée à s'y modifier. Pensez à ce que nous entendons quand nous disons: "Mon grand-père se retournerait dans sa tombe s'il savait ce que l'on dit aujourd'hui! Il penserait probablement autrement!"
L'un des buts de notre vie, à part "s'acheter des jouets" est de bâtir une âme qui continuera à vivre et à influencer, peut-être bien des années après notre mort.