Il existe un culot dans un sens positif, qu'on appelle plus justement de l'audace, et un culot dans un sens négatif, qui n'est d'autre que du manque de considération envers les autres.
Mes sœurs Evelyne et Ariane sont douées du culot dans le sens positif. Evelyne, par exemple, dont le passe-temps est la généalogie, n'a pas hésité à s'adresser à la Croix rouge internationale, pour que celle-ci puisse l'aider dans la recherche d'un proche, disparu il y a près de 100 ans.
En ce qui concerne Ariane, elle a cherché l'enregistrement original du "Petit Papillon et la Rose", une histoire que nous aimions, quand nous étions enfants. Après des dizaines d'essais infructueux, elle a trouvé un collectionneur, qui disposait de l'enregistrement en question. Et pourquoi a-t-elle fait tous ces efforts ? Pour réjouir le cœur de son frère, c’est à dire : moi. 😊
Mon père, en revanche, était timide. Il perdait tous ses moyens lorsqu'il devait parler en public. En Israël, il allait dans des réceptions, pour y chercher de nouveaux clients. Dans ces occasions, il disait à ma mère : "Fais amie avec ces gens!". Ma mère, qui n'avait pas ce problème, tissait effectivement des relations. Lorsque le contact était établi, c'était à mon père et son talent de transformer cela en une affaire fructueuse. Ma mère lui disait : "Je suis ton ministre des affaires étrangères!".
En ce qui me concerne, l'hérédité est passée par le père. J'étais même encore plus timide que mon père. J'avais un sentiment d'infériorité lorsque je parlais avec des personnes de mon rang ou supérieures, et un sentiment de supériorité quand je parlais avec des gens simples. Mais ces derniers temps, la situation a changé (cf., par exemple, ce que j'ai écrit dans les billets : "Moi et ma place dans le monde", et "Qu'est-ce qui m'a fait arrêter de me comporter bizarrement en société ?"
Aujourd'hui, à mon club, j'ai l'occasion de fréquenter des gens de toute l'échelle sociale, et je crois que je m'en sors plutôt bien. Récemment, j'ai été invité par une amie de la chorale à laquelle je participe à une superbe réception, dans une villa de luxe, avec une cinquantaine d'invités, faisant partie du who's who.
A cette réception, je me suis assis à la table d'un couple que je ne connaissais pas. Le monsieur m'a dit, humblement, qu'il était un avocat major (conseiller d'un ministre). Je n'ai pas été intimidé, car je suis parti du principe que dans une rencontre entre deux personnes quelles qu'elles soient, chacune a quelque chose à apporter à l'autre.
Je lui ai raconté une tentative d'escroquerie, dont j'avais été victime, et dans laquelle j'avais forcé l'escroc à me rendre tout mon argent. J'avais fait un tel bruit et un tel scandale auprès de ses clients, que le ministère public avait ouvert une enquête pour usurpation de titres, escroquerie, publicité mensongère, etc. J'ai senti que mon histoire avait intéressé le brillant avocat.
Je suis rentré de la réception en taxi et j'ai parlé à quelqu'un de plus "simple" : un jeune chauffeur de taxi. Au cours de la conversation, j'ai appris qu'il était célibataire et qu'il cherchait une femme. Je lui ai parlé des déceptions d'amour, du piège que constitue parfois le mariage, et des moyens de s'en prémunir.
Quand on n'a pas de problème pour parler d'égal à égal avec un balayeur de rues, on n'a pas de problème non plus pour parler avec le Premier ministre.
Encore un élément de réflexion : On peut très bien être modeste sans manquer pour cela de confiance en soi!
Personnellement, mon manque de confiance en moi-même provenait du fait que je me croyais différent des autres, et que c'était la raison pour laquelle les gens me détestaient et se moquaient de moi.
Si vous-même, cher lecteur, vous êtes timide et que vous vous identifiez à ce qui vient d'être dit, je vous conseille de lire le billet : "Qu'est-ce qui m'a fait arrêter de me comporter bizarrement en société ?"
Les gens culottés ou vaniteux n'ont pas confiance en eux-mêmes, contrairement à ce que l'on peut penser et qu'eux-mêmes sont les premiers à penser. Au contraire ! S'ils avaient vraiment confiance en eux-mêmes, ils ne parleraient pas aux autres agressivement. Et d'autre part, ils seraient plus tolérants envers ceux qu'ils estiment plus faibles qu'eux, comme quelqu'un de timide par exemple. Par contre, ils ne se comporteraient pas avec obséquiosité envers les gens plus forts ou bien plus arrogants qu'eux.
Je peux vous donner pour exemple, qu'à l'armée j'étais très timide envers mon adjudant et mon officier d'intendance, qui n'étaient à mes yeux que de pauvres types. Et pour contre-exemple, un grand professeur de renommée mondiale et son épouse, grand médecin elle aussi (de ceux devant lesquels les pauvres types dont je viens de parler se faisaient tous petits) m'avaient reçu à leur domicile (ils étaient de très bons amis de mes parents) ; ils m'avaient écouté et s'étaient montrés très amicaux avec moi. Ils m'avaient donné le sentiment qu'ils m'estimaient et je suis sûr qu'ils étaient sincères.
Pour conclure :
Je vous ai dit dans ce billet que j'étais quelqu'un de timide. Personnellement, je le suis beaucoup moins depuis que mon point de vue sur la société a changé. (Voir le billet : "Moi et ma vision du monde"), bien que je sois encore un peu réservé. Et vous savez quoi ? Être timide n'est pas une tare, cela peut même montrer de la modestie et de l'humilité, et cela est mieux en tout cas que le culot dans le sens négatif.
Quelques questions :
- Est-ce que vous souffrez de timidité ?
- Dans quels cas ?
J'aimerais lire vos messages.